Cefilm est le dernier rĂ©alisĂ© par l'italien Sergio Leone, adaptĂ© du roman de Harry Grey sorti plus de trente ans auparavant. Il y met en scĂšne Robert De Niro, James Woods et Elizabeth McGovern dans un New-York des annĂ©es 30 marquĂ© par la prohibition et le crime. Cest en 1984 qu’était projetĂ© en France, hors compĂ©tition au Festival de Cannes, l’inoubliable Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Dernier film du grand Sergio Leone, cette fresque monumentale, aussi violente que romantique, est considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme le chef d’Ɠuvre du cinĂ©aste, lequel aura portĂ© ce film pendant 13 annĂ©es avant de le voir sur les Ă©crans. PrĂ©sentĂ© Ă  sa sortie aux Etats-Unis dans une version largement expurgĂ©e de 2h19, totalement dĂ©naturĂ©e au montage par la Warner qui la remonte dans l’ordre chronologique, contre la volontĂ© du rĂ©alisateur la version intĂ©grale disponible aujourd’hui en compte plus de quatre, Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique est le troisiĂšme et dernier volet de la grande saga de Sergio Leone portant sur des pĂ©riodes-clĂ©s de l’histoire amĂ©ricaine. Tandis que le premier volet, Il Ă©tait une fois dans L’Ouest, se situait Ă  l’époque de la conquĂȘte de l’Ouest, le second, Il Ă©tait une fois la rĂ©volution, se dĂ©roulait en pleine rĂ©volution mexicaine. Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, qui clĂŽt donc cette trilogie, est une histoire d’enfance et de gangsters violente et nostalgique, d’amour et d’amitiĂ© trahis, dans laquelle, des annĂ©es de la prohibition Ă  la fin des annĂ©es 60, Sergio Leone revisite avec maestria les rĂȘves et les cauchemars d’une AmĂ©rique et d’un cinĂ©ma Ă  jamais perdus. Ce film titanesque, inspirĂ© du roman de Harry Grey À main armĂ©e, en anglais The Hoods 1952, nĂ©cessita deux ans de tournage et un budget colossal pour l’époque de plus de cinquante millions de dollars. A l’origine, Sergio Leone voulait tourner dans les studios italien de CinecittĂ  mais fut finalement sĂ©duit par le quartier du Lower East Side de New York, dans lequel il fit reconstruire Ă  l’identique le New-York des annĂ©es 1920, tandis que d’autres scĂšnes furent tournĂ©es Ă  Miami, Boston, MontrĂ©al, Hong Kong, Paris, Nice ou encore Venise. PoĂ©tique, nostalgique, sombre et violent, le dernier film de Sergio Leone repose Ă  la fois sur une mise en scĂšne somptueuse, un scĂ©nario implacable et une distribution grandiose, que le rĂ©alisateur mit plusieurs annĂ©es Ă  choisir et Ă  rĂ©unir Robert De Niro, James Woods, Joe Pesci, Danny Aiello, Treat Williams, Elizabeth McGovern et Jennifer Connelly donnent ainsi merveilleusement vie aux protagonistes de cette fresque incandescente. Le film suit le destin tragique de David Aaronson, surnommĂ© Noodles nouilles en français, magistral Robert de Niro, et celui de son meilleur ami Max Bercovicz, incarnĂ© par James Woods, qui trouve sans doute ici son plus beau rĂŽle. Max, Noodles et leur bande de copains vivent d’expĂ©dients et de rapines, jusqu’au jour oĂč ils dĂ©cident de doubler Bugsy, le gangster notoire pour lequel ils travaillent, qui abat un de leurs amis. Noodles dĂ©cide alors de le venger et Ă©cope de douze ans de prison. Quand il recouvre la libertĂ©, l’AmĂ©rique a changĂ© mais la bande est toujours lĂ , dirigĂ©e d’une main de fer par Max, sorte de Gatsby le magnifique mafieux, et fait son ascension implacable dans la pĂšgre grĂące au commerce illĂ©gal d’alcool. L’intrigue du film ne suit pas un ordre chronologique linĂ©aire mais alterne entre trois pĂ©riodes de la vie de Noodles, le protagoniste principal de l’histoire son adolescence en 1922 oĂč il cĂŽtoie le milieu des petits voyous du Lower East Side, le quartier juif de New York qu’il habite avec sa famille, l’ñge adulte en 1933 et la vieillesse en 1968. Par le jeu habile d’un montage en flash-back, Sergio Leone livre une vision fabuleuse de l’AmĂ©rique de la prohibition, servi par une reconstitution particuliĂšrement soignĂ©e. Mais il ne s’agit bien Ă©videmment pas d’un simple film de gangsters entre fascination et rĂ©pulsion, fantasme et rĂ©alitĂ©, le cinĂ©aste nous prĂ©sente sa vision du pouvoir, de cette sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de la rĂ©ussite Ă  tout prix, mais aussi des relations humaines et de l’amitiĂ©. Le film explore par ailleurs de nombreux thĂšmes tels la religion, l’immigration, la misĂšre et les grands Ă©vĂšnements qui ont bouleversĂ© l’AmĂ©rique entre 1933 et 1968, mais aussi l’enfance, l’amour, la trahison et les rĂȘves brisĂ©s. DĂšs les premiĂšres minutes du film, Sergio Leone plante le dĂ©cor et l’ambiance en mettant en scĂšne le meurtre d’une femme par des gangsters les mouvements fĂ©ministes s’opposĂšrent d’ailleurs au film en raison des violences faites aux femmes. Ici les brumes d’une fumerie d’opium dans un théùtre, lĂ  les rues du New-York des annĂ©es 30, nous voilĂ  transportĂ©s dans le temps tels les passagers d’un voyage que l’on pressent semĂ© d’embĂ»ches, entraĂźnĂ©s dans un monde aussi cruel que fascinant qui rend merveilleusement hommage aux polars et aux auteurs amĂ©ricains mythiques qu’affectionnait Sergio Leone. Le spectateur se retrouve emportĂ© dans une fresque haletante, oscillant constamment entre paradis et enfer, passĂ© et prĂ©sent, au son de la partition envoutante d’Ennio Morricone, le compositeur fĂ©tiche de Sergio Leone depuis Pour une poignĂ©e de dollars 1964. Ce dernier composa la musique du film plus de dix ans avant le tournage, un procĂ©dĂ© d’usage entre les deux acolytes Sergio Leone pouvait ainsi diffuser la musique sur haut-parleurs durant le tournage pour que l’équipe du film et les comĂ©diens s’imprĂšgnent de l’ambiance ! On imagine aisĂ©ment l’atmosphĂšre qui devait rĂ©gner sur le tournage entre acteurs iconiques, musiques grandioses et scĂšnes magistrales. On regarde Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique hypnotisĂ©, la gorge serrĂ©e, le cƓur battant et, disons-le, la peur au ventre Ăąmes sensibles s’abstenir, certaines scĂšnes sont d’une extrĂȘme violence. De rebondissements en coups de théùtre, de souvenirs en souvenirs, cette Ɠuvre mythique, dense et crĂ©pusculaire oĂč le lyrisme, l’hĂ©roĂŻsme, l’aviditĂ© et le crime ont la part belle, testament d’un grand maĂźtre du cinĂ©ma, est Ă  voir et Ă  revoir sans hĂ©sitation. IlĂ©tait une fois en AmĂ©rique -Bande annonce vostFR- ( : "Il Ă©t
Écrans & TV 3 minutes Ă  lire PubliĂ© le 04/03/22 mis Ă  jour le 07/03/22 Partager Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique », de Sergio Leone 1984. Warner Bros Le film de Sergio Leone, diffusĂ© ce dimanche 6 mars sur Arte, relate les souvenirs d’un ancien gangster plongĂ© dans le trafic d’alcool pendant les annĂ©es de prohibition. Analyse de la sĂ©quence du meurtre du tout jeune Dominic, scĂšne capitale et bouleversante sur fond de flĂ»te de Pan. Longtemps considĂ©rĂ© comme l’inventeur d’un genre divertissant mais mineur baptisĂ© non sans un brin de mĂ©pris western spaghetti », Sergio Leone dut attendre la sortie d’Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique pour ĂȘtre regardĂ© d’un meilleur Ɠil par une certaine critique obstinĂ©e Ă  ne voir en lui qu’un dĂ©mythificateur. EmbrassĂ©e dans sa totalitĂ©, l’Ɠuvre n’est pourtant que symboles et archĂ©types, merveilleux et grotesque, incessants miroitements entre passĂ© et prĂ©sent, tragĂ©die, fantasme et bouffonnerie le langage mĂȘme des mythes. Il Ă©tait une fois les “gueules” de Sergio Leone Comme ceux d’Eisenstein, de Welles ou de Kubrick, les films de Leone se dĂ©roulent Ă  la lisiĂšre du rĂȘve, du bizarre et de l’invraisemblable tout en approchant des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. Bien sĂ»r, cela ne va pas sans quelque dĂ©construction du faux ordinaire, de la rĂ©alitĂ© » prĂ©mĂąchĂ©e ; le rĂ©el brut ne surgira qu’au prix de cette cruautĂ©. La sĂ©quence centrale d’Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, celle oĂč tout bascule, en est la parfaite illustration. Elle s’ouvre sur un plan large composĂ© comme un tableau. Deux rangĂ©es d’immeubles en briques encadrent une rue quasi dĂ©serte. De la fumĂ©e sort d’un sol dĂ©trempĂ©. Au fond, massif, imposant, le pont de Manhattan opĂšre une trouĂ©e bleu-gris sur les teintes marron, ocre et rouge foncĂ©. Ce n’est pas un canyon de l’Ouest amĂ©ricain, mais cet espace n’est pas moins mythique. Ici, les hommes, venus de la mer, ont bĂąti en hauteur, cru toucher Ă  l’éternitĂ©. Et c’est bien ce que les cinq gamins qui traverse nt le cadre pensent avoir eux aussi atteint. Le rĂȘve amĂ©ricain, sortir de la misĂšre, manipuler l’argent, dominer la Babel de verre et de mĂ©tal, Ă©galer les dieux. Mais ces petits gars vĂȘtus comme les gangsters Ă  la derniĂšre mode ont endossĂ© des habits trop grands pour eux. Et oubliĂ© que les dieux rĂ©clament toujours un sacrifice. Le plus jeune d’entre eux, Dominic, danse et virevolte, s’échappe Ă  droite, tandis que Cockeye littĂ©ralement, ƒil de bite » l’accompagne de sa flĂ»te de Pan. Des voitures, des charrettes apparaissent. Le pays se construit encore, oscillant entre la vieille Europe et une modernitĂ© rutilante. Deux policiers Ă  cheval lorgnent le groupe, qui ralentit un peu. On a beau arpenter le pavĂ© en se balançant Ă  la maniĂšre des durs, on reste des gosses qui craignent le coup de bĂąton. La menace passĂ©e, Dominic poursuit sa course et, se dĂ©tachant des autres, s’élance dans un tunnel. Soudain, il se fige. Silence et flĂ»te de Pan Une silhouette se dirige vers lui, bouchant l’issue, fermant son destin. À toute allure, l’enfant revient vers Maxie, Cockeye, Patsy et Noodles en criant Bugsy comin’ ! Run ! » En contrechamp, les quatre amis s’arrĂȘtent, hĂ©bĂ©tĂ©s. Bugsy, leur rival, leur avait dĂ©jĂ  cassĂ© la gueule. Cette fois, il vient pour tuer. Bref silence. Seconde interminable. Et soudain, la flĂ»te de Pan reparaĂźt avec un autre thĂšme d’Ennio Morricone, tragique, trĂšs haut perchĂ©. On croit entendre un oiseau de malheur, voir battre les ailes de l’épouvante. s Bravo Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique Sergio Leone Le plan est l’un des plus beaux de l’histoire du cinĂ©ma. Au ralenti, les cinq enfants fuient vers la camĂ©ra et s’efforcent de se cacher. En retard, Dominic demeure seul au milieu de la rue quand retentit le premier coup de feu. Il s’effondre, touchĂ© au dos. Noodles se prĂ©cipite et le traĂźne Ă  l’écart, le pont monumental toujours dressĂ©, indiffĂ©rent, Ă  l’arriĂšre-plan. Dominic ouvre un Ɠil, prononce Noodles, I slipped » Noodles, j’ai dĂ©rapĂ© » et meurt. Image de pietĂ , aucun ange n’a Ă©tĂ© envoyĂ© pour arrĂȘter la main sacrificielle posĂ©e sur l’enfant. Capture d’écran du plan sur Noodles qui soutient encore le petit garçon sans vie. Warner Bros / Capture d'Ă©cran ContreplongĂ©e sur Noodles, qui soutient encore le petit garçon sans vie. Image de pietĂ . Aucun ange n’a Ă©tĂ© envoyĂ© pour arrĂȘter la main sacrificielle posĂ©e sur l’enfant. Tout a Ă©tĂ© affaire de regard, des flics sur les enfants, des enfants dĂ©couvrant l’assassin, de celui-ci visant le plus faible d’entre eux, de Dominic Ă  Noodles qui, ne sachant plus oĂč poser ses yeux, se trouve dĂ©possĂ©dĂ© en un instant de son enfance et de son innocence. BientĂŽt, lui aussi va tuer. Avant le tout dernier plan du film, on ne le verra plus rire, plus jouir, Ă  peine vivre. Se hisser jusqu’à l’AmĂ©rique impliquait la perte du corps et de l’ñme. Le reste du parcours de Noodles ne sera que destruction, errances fantomatiques et erreurs tragiques, solitude sans remĂšde. Il n’y a de mythes qu’inaccessibles. Mais en l’attestant, le cinĂ©ma de Sergio Leone offre en consolation la nostalgie et la pitiĂ©, la beautĂ© des images, des sons, des expressions. Et restitue un peu de ce paradis perdu notre humanitĂ©. À voir r Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, de Sergio Leone, dimanche 6 mars Ă  21h05 sur Arte. Partager Contribuer
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13EMEPARTIE "Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique (Once upon a Time in America) est le dernier film rĂ©alisĂ© par Sergio Leone, sorti en 1984. Il est adaptĂ© du roman The Hoods de Harry Grey." SYNOPSIS : David Aaronson, dit « Noodles », vieil homme las et solitaire, revient Ă  New York et se souvient. Il contemple d’un regard dur, dĂ©sabusĂ© et pourtant sage et apaisĂ© sa
SynopsisLe 3 dĂ©cembre 1933, aux Etats-Unis. La Prohibition vit ses derniĂšres heures. Noodles et ses amis d'enfance, des truands enrichis grĂące Ă  la contrebande d'alcool, doivent effectuer une derniĂšre livraison. Pour les sauver d'eux-mĂȘmes, Noodles a donnĂ© ses amis. Mais l'arrestation tourne Ă  la boucherie et tous sont tuĂ©s. AnĂ©anti, Noodles s'installe dans une fumerie d'opium du quartier chinois et laisse les souvenirs remonter Ă  la surface de sa mĂ©moire. Quarante ans plus tĂŽt, dans le quartier de Lower East Side, peuplĂ© d'Ă©migrants et de crĂšve-la-faim, ils formaient une bande de gamins dĂ©brouillards dĂ©jĂ  prĂȘts Ă  affronter tous les dangers pour sortir de la misĂšre. Lui Ă©tait sĂ©duit par l'inaccessible Deborah. De menus larcins en coups de plus grande ampleur, la bande de compĂšres s'Ă©tait peu Ă  peu introduite dans le milieu de la criminalitĂ©, tout en cultivant une profonde amitiĂ©... Voir tout le casting FrĂ©dĂ©ricBonnaud Ă  propos de Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique " immense chef-d'Ɠuvre, son trĂšs trĂšs grand film qui est un film culte pour des millions de gens " : 'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique' c'est un film plus grand que le cinĂ©ma, c'est Ă  dire qui excĂšde les capacitĂ©s du cinĂ©ma. Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique Once upon a Time in America est le dernier film, amĂ©ricain, rĂ©alisĂ© par Sergio Leone, sorti en 1984. Il est adaptĂ© du roman The Hoods de Harry Grey. Le dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de Sergio Leone en 1989 fait de Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique » son dernier film. Il boucle la trilogie que le rĂ©alisateur a consacrĂ© Ă  l’AmĂ©rique dont il saisit, cette fois, l’évolution qui court, dans le film, du dĂ©but du XX° siĂšcle aux annĂ©es soixante Synopsis[] Un homme, qui aurait trahi ses compagnons, est recherchĂ© par deux tueurs qui torturent et Ă©liminent ses proches pour le retrouver. Des Ă©vĂ©nements lointains et un enchaĂźnement complexe de situations expliquent cette vĂ©ritable chasse Ă  l’homme
 Analyse[] Le dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de Leone en 1989 fait de Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique » son dernier film. Il boucle la trilogie que le rĂ©alisateur a consacrĂ©e Ă  l’AmĂ©rique dont il saisit, cette fois, l’évolution qui court, dans le film, du dĂ©but du XX° siĂšcle aux annĂ©es soixante. Cette vaste pĂ©riode lui est l’occasion d’observer l’évolution de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Ă  travers l’histoire d’un groupe de gamins issus du quartier dĂ©favorisĂ© du Lower East Side de New-York. Ce parallĂšle entre le destin des individus et celui de la sociĂ©tĂ© a pour point commun le thĂšme de la violence au service d’une ambition forcenĂ©e de rĂ©ussite. Leone choisit au cours de ce demi siĂšcle trois pĂ©riodes clĂ©s qui servent son propos les annĂ©es 1920 qui correspondent Ă  l’adolescence de ses personnages cinq garçons et deux filles du quartier juif de New York, Ăąge critique auquel se dessinent dĂ©jĂ  les destins ; les annĂ©es 1930 oĂč ils atteignent Ă  l’ñge adulte au moment de la Prohibition ; les annĂ©es soixante qui marquent le dĂ©but de la vieillesse. Mais cette composition complexe en trois Ă©poques, dĂ©veloppĂ©es pour l’essentiel linĂ©airement, se prĂ©cise et se complĂšte Ă©galement Ă  travers de subtils retours en arriĂšre et des va-et-vient de l’une Ă  l’autre qui correspondent aux mouvements mĂȘmes de la mĂ©moire et qui sont, par ailleurs, toujours justifiĂ©s par le rĂ©cit ou les Ă©motions des personnages. D'autre part, suivre l’évolution de ces enfants revient Ă  comprendre celle des Etats-Unis. En effet, deux des enfants se caractĂ©risent par leur caractĂšre entier et leur volontĂ© d’ĂȘtre les premiers plus tard Deborah dĂ©sire s’évader de son milieu social et devenir une vedette ; Max, ĂȘtre impulsif, refuse d’avoir un patron ils sont donc les moteurs du rĂ©cit. Noodles, Ă  l’inverse, pensif, mĂ©ditatif, sans ambition rĂ©elle - sinon de se faire aimer de Deborah - et peu en accord avec les mĂ©thodes de Max, s’oppose souvent Ă  lui, surtout aprĂšs son long sĂ©jour en prison. Il suffit de rappeler la sĂ©quence au cours de laquelle Noodles prĂ©cipite Ă  la mer la voiture, les costumes, les armes, bref les gangsters qu’ils sont devenus, en une sorte d’immersion purificatrice. Un dĂ©sir de purification par le retour aux valeurs fondatrices de l’enfance commune qui s’exprime aussi Ă  travers les rituelles invitations Ă  prendre un bain que les deux amis se lancent chaque fois que leur amitiĂ© est menacĂ©e. Leurs destins seront donc trĂšs diffĂ©rents. Max qui incarne le monde de la pĂšgre et Deborah qui reprĂ©sente le monde du spectacle Broadway puis Hollywood rĂ©ussissent Ă  intĂ©grer le monde politique et syndical par la violence pour l’un et la compromission pour l’autre. Peu avant la fin du film, ils ont satisfait leurs ambitions, sont des personnages respectĂ©es et font partie de l’établissement. ParallĂšlement, la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine nous est montrĂ©e progressivement et inĂ©luctablement minĂ©e de l'intĂ©rieur par le gangstĂ©risme. Le film montre la montĂ©e en puissance du crime de simples magouilles avec le flic de quartier vers 1920 ; puis l'organisation maffieuse avec le dirigeant syndical dans les annĂ©es trente dĂšs l’époque de la Prohibition par l’allusion Ă  l’ascension du syndicaliste Jimmy Hoffa permise par la pĂšgre; enfin, la corruption gĂ©nĂ©ralisĂ©e au pouvoir politique associĂ© au monde artistique dans les annĂ©es soixante. Au contraire, Noodles fait partie des laissĂ©s pour compte du destin car, mĂ©ditatif et peu portĂ© vers l’action, il a vĂ©cu de sentiments et non d’ambitions. Mais cette rĂ©ussite a un envers elle ne s’accomplit que sur les dĂ©combres des amitiĂ©s brisĂ©es et de l’innocence saccagĂ©e. Le film prend alors sa dimension essentielle d’Ɠuvre qui porte un regard dĂ©senchantĂ© et amer sur la vie. Ce regard Ă©perdu, absent, nostalgique, est celui de Noodles vieilli et, Ă  travers lui, de Leone Un film pareil, on ne peut le rĂ©ussir qu’avec la maturitĂ©, des cheveux blancs et pas mal de rides autour des yeux. Jamais je n’aurai pu faire ce film si je l’avais rĂ©alisĂ© Ă  40 ans. », a-t-il confiĂ© qui nous donne Ă  voir des vies devenues en une soixantaine d’annĂ©es des destins. Ce qui lui permet de pointer du doigt la condition de la femme perçue soit comme une vierge inaccessible soit comme une putain, l’inĂ©galitĂ© injustifiĂ©e des vies Dominic assassinĂ© au seuil de la vie, Moe et Noodles sacrifiĂ©es », le dĂ©terminisme des milieux sociaux auxquels on ne peut Ă©chapper qu’au prix du reniement de ses origines, le triomphe des plus cyniques quand les naĂŻfs et les purs Ă©chouent. Certes, il y a bien un prix Ă  payer et le chĂątiment n’est jamais trĂšs loin. A titre d’exemple, on mentionnera la sĂ©quence nocturne – vision cauchemardesque quasi fantastique, mĂ©taphore cruelle et terrible - qui conclut la derniĂšre rencontre entre Noodles et Max. Les derniers plans du film dans la fumerie d’opium qui reprennent Ă  peu prĂšs Ă  l’identique ceux du dĂ©but – effaçant ainsi les trente annĂ©es qui les sĂ©parent – montre une scĂšne du théùtre d’ombres chinois, visuellement symbolique de l’illusion de toute vie dont on ne perçoit que les apparences et dont la rĂ©alitĂ© profonde nous Ă©chappe. Le film s’achĂšve sur le sourire de Noodles, reflet de l’échec de la vanitĂ© des idĂ©aux, de la trahison de l’enfance, de la perversion de l’innocence. Un sourire qui semble nous inviter Ă  fuir la rĂ©alitĂ© au profit des paradis artificiels – comme si la rĂ©alitĂ© de la vie valait moins qu’un songe
 Mais une autre signification peut ĂȘtre donnĂ© Ă  ce plan du théùtre d’ombres qui ouvre et ferme le film, Ă  cette nostalgie du regard portĂ© sur les dĂ©sillusions de la vie et Ă  ce sourire ne sont-ils pas, de la part de Leone, les signes d’un Ă©mouvant hommage au cinĂ©ma ? En effet, ce sourire qui Ă©claire le visage jusque-lĂ  triste de Noodles n’est-il pas, prĂ©cisĂ©ment, celui du spectateur de cinĂ©ma qui entre dans la mĂȘme salle obscure et qui savoure confortablement installĂ©, lui aussi, l’opium d’images cinĂ©matographiques qui s’accordent Ă  ses dĂ©sirs
 le temps d’un film. La rĂ©alisation de Leone alterne avec le mĂȘme brio les scĂšnes chocs, les scĂšnes d’émotion et les scĂšnes cocasses grĂące Ă  un rythme contrastĂ© au service d’une mise en scĂšne qui privilĂ©gie une lenteur synonyme de contemplation et de rĂ©flexion, de gravitĂ© et de nostalgie mais aussi les brefs Ă©clats de violence animale vengeance, sadisme et de dĂ©raison viol dans la voiture. L’image ne peut s’apprĂ©cier indĂ©pendamment d’une partition musicale dont l’omniprĂ©sence, voire la rĂ©currence, exprime tour Ă  tour une poignante nostalgie leitmotiv de Childhood Memories » jouĂ© Ă  la flĂ»te et le lyrisme des tragĂ©dies intimes notes de piano qui s’égrĂšnent lentement, brusque envol nostalgique des violons relayĂ©s par les violoncelles cependant que les banjos ajoutent les notes aigres de l’amertume, douceur caressante des violons de nouveau, ou crescendo d’une voix Ă©thĂ©rĂ©e. On citera pour mĂ©moire, comme modĂšle de rĂ©alisation, l’un des plus beaux moments du film quand Noodles Robert De Niro, vieilli, se retrouve face Ă  l’ouverture par laquelle, enfant, il dĂ©vorait des yeux Deborah Jennifer Connelly/ Elisabeth McGovern. Le regard camĂ©ra s’avance, dans une lumiĂšre qui s’intensifie et efface peu Ă  peu le dĂ©tail des lieux, Ă  travers l’ouverture et nous conduit, par une surbrillance, dans une nouvelle Ă©poque, celle de son passĂ©, qui impressionne peu Ă  peu la pellicule d’oĂč surgissent ses souvenirs. Ce passage du prĂ©sent mortifĂšre au passĂ© heureux, Ă©minemment symbolique du sens du film, s’effectue ainsi en douceur grĂące Ă  un art impressionniste tout en dĂ©licatesse qui nous propose une transition d’une rare mĂ©lancolie. Superbe moment de cinĂ©ma !
 Et heureuse cĂ©lĂ©bration du cinĂ©ma car cette ouverture » reprĂ©sente Ă  la fois le cadre du rĂ©alisateur et l’écran du spectateur sur lesquels se joue la magie poĂ©tique d’un cinĂ©ma qui fait passer, selon les dĂ©sirs, du prĂ©sent au passĂ©, du rĂȘve Ă  la rĂ©alitĂ©. Ce film reprĂ©sente, Ă  tous points de vue, la quintessence de l’Ɠuvre inoubliable ; ce qui se confirme Ă  chaque nouvelle vision depuis les vingt ans qui se sont Ă©coulĂ©s depuis sa rĂ©alisation 1983. Fiche technique[] Titre original ONCE UPON A TIME IN AMERICA RĂ©alisation Sergio LEONE ScĂ©nario Leonardo BENVENUTI, P De BERNARDI, E MEDIOLI, F ARCALLI, F FERRINI, Sergio LEONE Directeur de la photographie Tonino DELLI COLLI Eastmancolor Musique Ennio MORRICONE Production Armon MILCHAN Distribution SNC DurĂ©e 220 minutes Date de sortie 1984 Distribution[] Noodles Robert DE NIRO Max James WOODS Deborah Jennifer Connelly enfant puis Elizabeth McGOVERN adulte. Jimmy O'Donnell Treat WILLIAMS Carol Tuesday WELD Joe Burt YOUNG Frankie Joe PESCI Fat Moe Larry RAPP Le chef de Police Aiello Danny AIELLO Source[] Dune justesse d'Ă©criture, "Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique" revient sur le destin de Noodle Ă  travers sa jeunesse oĂč il Ă©tait avec une bande de gamin s Bravo Disponible sur Amazon Regarder le film Critique par Jacques Morice PubliĂ© le 02/03/2022 Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, ce sont les AnnĂ©es folles et la prohibition, le whisky coulant Ă  flots car interdit, les gang­sters et leurs mitraillettes Ă  chargeur circulaire, les pĂ©pĂ©es en satin rose, l’amitiĂ© virile, l’amour divinisĂ© puis souillĂ©, la grandeur et l’anonymat
 Paiement sĂ©curisĂ© Sans engagement DĂ©sabonnement simple DĂ©jĂ  abonnĂ© ? Je me connecte DĂ©couvrir toutes nos offres Synopsis Le 3 dĂ©cembre 1933. La Prohibition vit ses derniĂšres heures. Noodles et ses amis, des truands enrichis grĂące au trafic d'alcool, doivent effectuer une toute derniĂšre livraison. Pour les sauver d'eux-mĂȘmes, Noodles a donnĂ© ses amis. Mais l'arrestation tourne Ă  la boucherie et tous sont tuĂ©s... Les films du mĂȘme genre r TrĂšs Bien Closer, entre adultes consentants Mike Nichols r TrĂšs Bien Madres paralelas Pedro AlmodĂłvar r TrĂšs Bien Mud sur les rives du Mississippi Jeff Nichols r TrĂšs Bien LibertĂ©, la nuit Garrel Philippe q Bien Deux Filippo Meneghetti Voir les films RĂ©sumĂ© du casting RĂ©alisateur Sergio Leone Acteurs Robert De James Woods Elizabeth McGovern Joe Pesci Burt Young Treat Williams Danny Aiello Tuesday Weld Richard Bright James Hayden William Forsythe Darlanne Fluegel Noodles Maximilian 'Max' Bercovicz Deborah Gelly Frankie Joe Jimmy O'Donnell Police Chief Aiello Carol Joe Patsy Cockeye Eve Regarder Pour soutenir le travail de toute une rĂ©daction, abonnez-vous Pourquoi voyez-vous ce message ? Vous avez choisi de ne pas accepter le dĂ©pĂŽt de "cookies" sur votre navigateur, qui permettent notamment d'afficher de la publicitĂ© personnalisĂ©e. Nous respectons votre choix, et nous y veillerons. 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Voici – prĂ©cĂ©dant de peu une version plus longue de quarante minutes, annoncĂ©e pour 2012 – le retour sur grand Ă©cran d’un des sommets du cinĂ©ma des annĂ©es 80, l’ultime film de Sergio Leone, ce cinĂ©aste qui rĂ©inventa le cinĂ©ma amĂ©ricain. Mais Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique est l’objet d’un culte cinĂ©phile un brin fĂ©tichiste – il fut charcutĂ© par ses producteurs Ă  sa sortie aux Etats-Unis et connut un Ă©chec commercial sanglant – qui cache souvent sa vraie nature. Il s’agit a priori d’un film de pĂšgre et Ă  gros budget, tournĂ© un peu partout sur le globe, dont Venise et Paris. Le film, tirĂ© librement d’un livre autobiographique Ă©crit en prison par un malfrat nommĂ© Harry Grey, raconte, depuis l’enfance, la vie d’une bande de petits dĂ©linquants juifs de Brooklyn au dĂ©but du XXe siĂšcle, leur montĂ©e dans la hiĂ©rarchie du crime sous la Prohibition, puis leur chute brutale, entraĂźnĂ©e par une trahison dont on saura plus tard qu’elle n’était pas le fait de celui qu’on croyait. C’est un film sur l’amitiĂ© masculine, son ambiguĂŻtĂ© intrinsĂšque, sa part de traĂźtrise inhĂ©rente. Entre le hĂ©ros du film, Noodles Robert De Niro, et Max James Woods, la jalousie, l’ambition, la cruautĂ©, peut-ĂȘtre aussi une attirance sexuelle cachĂ©e ou latente, se mĂ©langent pour produire un cocktail sournois. L’un gĂąchera sa vie pour se rĂ©dimer, l’autre la rĂ©ussira par l’ignominie. La vision que porte Leone sur l’humanitĂ© est trĂšs noire. On peut en dire autant de sa vision de l’amour viril celui qui depuis l’enfance lie et dĂ©lie Noodles et Deborah les sublimes Jennifer Connelly et Elizabeth McGovern, qui deviendra une star. Mais Noodles, dans un accĂšs de passion, la viole dans un taxi. Et le film, souvent ultraviolent, d’une trivialitĂ© trĂšs italienne, semble se dĂ©soler lui-mĂȘme, avec l’aide de la musique dĂ©chirante d’Ennio Morricone, du dĂ©sespoir qu’il exprime. Mais il y a plus l’architecture du film. Il Ă©tait une fois d’AmĂ©rique obĂ©it Ă  une construction Ă  la fois habile on n’y voit que du feu et trĂšs sophistiquĂ©e, brouillant la chronologie pour donner son sens au rĂ©cit, qui vogue d’époque en Ă©poque pour dessiner un territoire mental oĂč tout se brouille, l’imaginaire et le rĂ©el, sans qu’on sache bien, au final, ce qui relevait de l’un ou de l’autre. Et peu Ă  peu, de cette tentative Ă©clatĂ©e de raconter une vie, dans ses faux-semblants et ses vĂ©ritĂ©s, naĂźt un hommage nostalgique et Ă©namourĂ© d’un Italien pour le grand cinĂ©ma, cet art qui permet aux hommes de vivre hors du temps dans un monde vu, pensĂ©, fantasmĂ©, dĂ©formĂ© par le cerveau d’un autre. Un vrai chef-d’Ɠuvre. Critiques filmIl Ă©tait une fois en AmĂ©rique (infos) pinterest; tweeter; partager; j'aime; Citations similaires : Argent fait beaucoup mais amour fait tout. Proverbe Français. 8 Tous les jours, en fait d'amour, on fait trĂšs dĂ©licatement des choses fort grossiĂšres. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux . 1 Comme la mode fait l'agrĂ©ment aussi fait-elle la justice. Blaise Pascal. Le mari fait le
Cannes, 1984. Sergio Leone prĂ©sente Ă  la Croisette ce qui se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre son film testament Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. L’émoi est grand Ă  la vue de ce conte opiacĂ© et amer, venant clĂŽturer le triptyque dĂ©butĂ© avec Il Ă©tait une fois dans l’Ouest 1968, poursuivi dans Il Ă©tait une fois la rĂ©volution 1971. Aujourd’hui unanimement considĂ©rĂ©e comme un chef-d’Ɠuvre, l’ultime crĂ©ation du pape des westerns-spaghettis a Ă©tĂ© le fruit d’une gestation semĂ©e d’embĂ»ches. À tel point que ce joyau aurait pu rester Ă  jamais dans les Ă©tait une fois
 l’odyssĂ©e d’un d’adaptation, et un financement laborieuxLeone n’est l’auteur que de 7 films. Il commence Ă  fantasmer le plus cĂ©lĂšbre d’entre eux en 1967, alors qu’il vient de boucler sa “trilogie du dollar” avec le triomphe de Le Bon, la brute et le truand. Et qu’il aspire Ă  se diriger vers d’autres horizons que le western – un genre que le cinĂ©aste a largement participĂ© Ă  rĂ©inventer. Son dĂ©clic ? The Hoods La Main armĂ©e. Soit l’autobiographie Ă©crite en prison par Harry Grey, un ex-truand juif. Les rouages du gangstĂ©risme y sont Ă©voquĂ©s sans fard. Leone est fascinĂ©. Il tient la matiĂšre premiĂšre de ce qu’il espĂšre, dĂ©jĂ , ĂȘtre son opus rĂ©alisateur organise plusieurs rencontres, propose au repenti de devenir son conseiller technique. Mais voilà
 Les droits d’adaptation des mĂ©moires sont dĂ©jĂ  aux mains d’un producteur amĂ©ricain. Alors que tout semble bloquĂ©, Leone s’accroche et dĂ©cline mĂȘme l’offre de la Paramount, qui lui proposait d’effectuer un long-mĂ©trage sur la mafia italienne Le Parrain. Un certain Francis Ford Coppola s’en chargera, avec le succĂšs qu’on lui Ă©tait une fois en AmĂ©rique se mue en serpent de mer. On en cause, mais personne n’en voit ne serait-ce que le museau. AprĂšs de houleuses nĂ©gociations et de trĂšs longs mois, Leone rĂ©cupĂšre enfin les droits d’adaptation du roman. Nouveau dĂ©fi, nouvelle croisade dĂ©goter un investisseur. Ce sera Arnon Milchan, un jeune milliardaire israĂ©lien. Alors que Leone dĂ©sespĂ©rait de pouvoir jamais sĂ©duire un producteur, la machine est pages de script pour une fresque d’anthologieAfin de rĂ©diger son script, LĂ©one s’était entourĂ© d’une vingtaine de scĂ©naristes dont certaines pointures qui avaient dĂ©jĂ  ƓuvrĂ© aux cĂŽtĂ©s de Visconti, ou Bertolucci. Abouti en 1981, leur travail a nĂ©cessitĂ© prĂšs de 12 ans d’écriture. Le rĂ©sultat ? Un script de 317 pages – chiffre considĂ©rable, la moyenne d’un film de deux heures Ă©tant de 120 ce rĂ©cit proustien jongle par flash-back entre plusieurs nappes temporelles, retraçant les vicissitudes de Noodles De Niro, un ancien gangster. Dans un New York reconstituĂ© Ă  Paris, Rome et MontrĂ©al, on y suit ses frasques de jeunesse, les siennes et celles de sa bande, dans les rues du Brooklyn des annĂ©es 1920. Puis leur ascension au sein du crime organisĂ© sous la Prohibition, et leur chute brutale, provoquĂ©e par une par la partition d’Ennio Morricone, et avec la mutation des États-Unis au XXe siĂšcle en toile de fond, Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique traite d’une amitiĂ© masculine entre Noodles et Max gangrenĂ©e. Jalousie, rancƓur, cruauté  Un cocktail Ăącre, tĂ©moignant du regard dĂ©senchantĂ© portĂ© par Leone sur les rapports humains, et la rĂ©ussite film dĂ©figurĂ©Au moment du montage, Leone se heurte Ă  un problĂšme de taille. L’accord signĂ© avec la Warner Bros stipule que son film ne doit pas excĂ©der 2 h 45. Mais le rĂ©alisateur estime qu’une version idĂ©ale durerait au moins 6 h. Un premier montage de 4 h 25 est proposĂ©, puis refusĂ©. Leone opĂšre de lui-mĂȘme plusieurs coupes, et le rĂ©sultat, de 3 h 41, est celui projetĂ© au Festival de Cannes en 1984. L’accueil est chaleureux, et c’est cette version que les EuropĂ©ens reçoivent en public amĂ©ricain n’aura pas cette chance. Inquiet de ce “format fleuve”, le distributeur The Ladd Company enlĂšve le final cut Ă  Leone pour diffuser aux États-Unis un film de 2 h 19 dans lequel – sacrilĂšge, hĂ©rĂ©sie, massacre – le montage est organisĂ© chronologiquement. JugĂ©e scandaleuse dans le milieu cinĂ©phile, l’initiative conduit Ă  l’inĂ©vitable un immense tollĂ©. La lĂ©gende veut que cette dĂ©naturation ait profondĂ©ment affectĂ© l’état de santĂ© du rĂ©alisateur. De fait, Leone ne repassera jamais derriĂšre la camĂ©ra. Il dĂ©cĂšde d’une attaque cardiaque Ă  60 ans, dans sa Rome natale, le 30 avril mĂ©prisĂ© par ses pairs, Sergio Leone est devenu une icĂŽne du cinĂ©ma moderne. Quant Ă  son bijou, Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, une version restaurĂ©e par les soins de la cinĂ©mathĂšque de Bologne et de la Film Foundation de Martin Scorsese a Ă©tĂ© projetĂ©e Ă  Cannes, en 2012. Un inestimable cadeau, confectionnĂ© en respectant les volontĂ©s de montage initial de Leone. Ceux qui avaient dĂ©jĂ  vu le film ont pu savourer l’ajout de 8 scĂšnes inĂ©dites. Quant aux autres, ils ont tout simplement eu le plaisir de dĂ©couvrir ce joyau dans la version la plus fidĂšle qui ait jamais existĂ©.
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